Tempête Bretonne
Année 2007, année de transition.
Pour moi cette transition ce fait au jour le jour. Toujours plus de rythme, je dois a la fois imaginer ce que je vais faire dans 3 jours comme entrevoir mon futur dans quelques mois. Véritable challenge, je dois me mettre au diapason et m'accorder avec les harmoniques Australiennes.
Une de mes grande préoccupation et de trouver un job plus sérieux pour 2007. Ce n'est pas seulement un travail en relation avec le Design, mais aussi un petit job. Pas facile de trouver la bonne mesure. Statut hybride avec mon Working Holyday visa je reçois un tas de réponses, il faut la jouer fine ou même parfois mentir. Les managers, selon la législation doivent donner la priorité aux australiens ce qui est légitime.
Certains jobs peuvent être plus adaptes pour les étrangers parce qu'ils possèdent un savoir faire, une culture. Nos french papilles gustatives semblent plus efficace pour prétendre être sommelier, chef, commis...
Selon des sources sures, le fait de se présenter comme Français peut avoir deux effets possibles : peur et émerveillement. L'australien semble coupable, pas très fier de son histoire, l'Europe, la France et Paris semble être un géant incommensurable. Lors d'un de mes premiers entretient j'avais trop de compétences et j'étais trop "trendy" pour avoir le job. Je suis rester très classe et convainquant, mais je me suis retenu de balancer "What the fuck are you telling me about, give me the job and let me run your shop and make great money, ladie!" Calme JC, on écrase pas les Australiennes comme ça. C'est donc avec douceur que je rebalance mon CV avec 3 semaines d'intervalle dans certains établissements.
Certaines fois la magie opère.
C'était un jeudi, ma tête remplie d'un gris sombre, encore une journée a donner des CV avec peu de résultats.
J'avais entendu parle d'une crêperie Francaise dans le nord sur Fitzroy. Patrick le manager me conseille d'aller postuler a la maison mère, sur Williamstown. Je décide donc de commencer par cette crêperie ce jeudi matin.
Sur ma caravelle a deux roues je brave les vents de la cote et rejoint le restaurant sain et sauf. Breizoz se situe sur une petite marina reculée de la City, charmant endroit pour aller flâner et prendre un verre.
Je rencontre donc Catherine
celle qui gère l'ensemble. Elle me dit qu'il n'y a pas de travail pour
moi. Elle détecte assez rapidement que je sens le fromage et que le vin
coule dans mes veines. Elle m'invite donc le lendemain a suivre des
cours pour apprendre a faire les cafés Anglosaxons (bloody milk everywhere).
Vendredi, 12pm
Prêt et super motive pour apprendre comment faire ces boissons lactées,
nous nous lançons dans les choses simples. Théorie et pratique
s'enchaînent. Cependant, Catherine doit jongler entre les clients et le petit Français. Les clients décident de venir en car dans la crêperie. Des vagues d'Australiens affamés s'étaientt passe le mot la veille : Hey mate I know that an new French is in Williamstown learning cofee making lets make is lessons a litle bit harder !
Petit a petit Catherine me
demande de nettoyer quelques tables. Elle doit rapidement préparer
quelques boissons, je dois donc, au son de la cloche de la cuisine,
amener les plats en salle. Soudain elle me tend un tablier de la maison, me
voila pris dans la tempête Bretonne.
Je mémorise le menu en moins de deux, prend les commandes, nettoie les
tables, jongle entre les différentes demandes. Je
rencontre Jean-Marie aux
commandes, tour de main excellent, il enchaîne complète et framboise
chocolat. Tous les produits sont fait maison, de la confiture en passant
par la glace.
Je me surprends a crier les commandes en cuisine et ordonner a Catherine de me faire un capuccino, deux lattes et un Flat White. Vitesse, tension, efficacité, le courant passe super bien avec Catherine,
on blague, on critique les clients a voix basse, elle me dit quelques
mots en Français. je trouve même le temps avec tout ça de blaguer avec
les Australiens affamés et de raconter ma vie de Parisiens ; tel un fin
navigateur je joue mon personnage a fond, un Français qui sert des
galettes et du cidre, qui conseille et parle même Français.
Je finis donc cette journée avec un mega salaire et j'empoche tous les pourboires du déjeuner. Catherine et Jean-Marie m'offrent une galette et un verre de cidre que je savoure lentement assis a une table. Catherine dit que je suis son héros, elle ne pensait pas avoir tant de monde ; nous avons effectue le records des bénéfices pour le lunch time de Décembre. Elle me planifie deux autres services, je suis ravie, première expérience en restaurant.
Enfin je décide de finir cette tempête a cote de la mer, derrière la crêperie la plage m'attend. Il fait encore super chaud a 6pm, la mer est bleu et même turquoise. Le marin, fatigue, va devoir reprendre la mer. Il ressens le bonheur simple d'avoir a la fois travailler dur pour une super récompense et d'avoir rencontrer un lieu génial avec des gens très bien.